UPDATE:
- En Belgique, les installations au sol ne requièrent plus de permis d'urbanisme depuis le 1er mai 2025.
- Les kits "Plug&Play" sont enfin légaux en Belgique depuis le 17 avril 2025! Le document Synergrid C10/26 a été mis à jour pour inclure les onduleurs homologués pour cet usage.
# ORES et RESA: maximum 1000VA par kit, maximum 3 kits
# REW et AIEG: maximum 600VA!!! par kit, maximum 3 kits (Zèle oblige, ils rendent inexploitables la plupart des onduleurs homologués sous faux prétexte sécuritaire*.)
# Fluvius: aucune démarche si la puissance est inférieure à 800VA! Au-dessus, déclarez simplement via le portail mijnFluvius.
*NOTE: Les détracteurs des kits Plug&Play crient souvent au risque sécuritaire, sans même savoir ce qu'il en est réellement.
La vérité: les risques d'échauffement ne commencent, dans le pire des cas, que vers 1000VA ou, pour être exact, 253V x 4A. Soit la tension permanente maximale 253V (cf. norme EN50549) multipliée par la marge de sécurité en courant (4A) qui protège les fils de section 2.5mm² de tout échauffement potentiellement dangereux (24A) derrière un disjoncteur de 20A.
Il est bon de noter que changer le disjoncteur de 20A pour un 16A permet de doubler la marge de sécurité (8A), et permet donc théoriquement un kit sur prise jusqu'à 2024VA.
Cette approche s'arrête cependant là car, au-delà de 8A, une autre limite survient: les prises de basse qualité peuvent en effet commencer à chauffer si un courant de plus de 8A passe continuellement pendant plus de 2 heures. (C'est pour cette raison que les chargeurs pour voiture électrique sur prise standard sont en général limités à 8A, au-delà de 2 heures.)
Comme pour les panneaux solaires thermiques, nombre d'erreurs peuvent être constatées sur les installations photovoltaïques.
Sur cette page, quelques tuyaux pour détecter et surtout éviter de reproduire ces erreurs, souvent conséquentes pour l'efficacité, le portefeuille, l'intérêt individuel et collectif.
Exemple: Les prix actuels incitent à remplacer prématurément de nombreuses installations déjà surdimensionnées par des installations encore plus puissantes. Ceci est une erreur évidente, résultant d'une mauvaise compréhension, surtout si l'on tient compte des décrochages qui se généralisent.
Termes et notions
Quelques termes nécessaires pour se comprendre:
- Onduleur: appareil qui convertit l'énergie produite par les panneaux (courant continu) en courant alternatif (230V), exploitable pour une utilisation sur les prises domestiques.
- Onduleur "string": type d'onduleur le plus répandu, sur lequel un certain nombre de panneaux sont connectés en série, additionnant ainsi les tensions individuelles des panneaux.
- Onduleur "hybride": terme confus cachant deux catégories d'onduleurs fonctionnant avec une batterie, une catégorie permettant le fonctionnement "hors réseau" ("off-grid"), l'autre n'ayant pour but que d'augmenter l'auto-consommation mais nécessitant un raccordement au réseau.
- Onduleur "off-grid": matériel spécifiquement conçu pour fonctionner sans nécessiter d'être raccordé au réseau électrique, typiquement pour des résidences secondaires ou chalets dans des lieux reculés/non raccordés.
- Micro-onduleur: type d'onduleur de faible puissance dédié à gérer individuellement un, deux ou quatre panneaux solaires. L'avantage principal est l'exploitation optimale de chaque panneau, ce qui est souvent plus intéressant, notamment dans les cas d'ombrage variable. Le prix peut cependant être dissuasif avec certaines marques, mais est devenu très abordable (voire plus intéressant) avec d'autres marques.
- Auto-consommation: principe d'utiliser soi-même l'énergie que l'on produit, au moment où on la produit. C'est l'objectif à viser, et seule manière viable de faire face à la transition rapide nécessaire tout en limitant la surcharge du réseau. Lorsqu'elle est exprimée en pourcentage, elle représente la proportion de votre production que vous utilisez vous-même.
- Auto-suffisance: le fait de subvenir à nos propres besoins. Lorsqu'elle est exprimée en pourcentage, elle représente la part de votre besoin qui est couverte par votre propre production.
- Injection réseau: principe d'envoyer sur le réseau public l'énergie que l'on produit mais que l'on n'utilise pas, le "surplus".
- Zéro injection: se dit des systèmes qui n'envoient pas sur le réseau public le surplus d'énergie produite localement ("zero export" en anglais), sans pour autant être du matériel "off-grid". Cette option est particulièrement intéressante et utile, mais la législation ne les autorise qu'implicitement, au point que même les contrôleurs agréés et les GRD ignorent cette possibilité pourtant très utile pour éviter la surcharge du réseau tout en favorisant l'auto-consommation et la transition accélérée.
- Tarification forfaitaire: manière de comptabiliser les frais d'utilisation du réseau pour les installations qui injectent sur le réseau public sans compteur double-flux. Cette tarification considère que l'habitation auto-consomme à hauteur de 37%. Cette tarification ("prosumer") n'est plus possible en Belgique depuis janvier 2024. Le déploiement en cours des compteurs double-flux, nettement plus équitables vis-à-vis de la collectivité, y a mis fin pour les nouveaux raccordements. Les raccordements existants devront changer d'ici 2029, et ont intérêt à changer plus vite pour ceux qui jouent le jeu de l'auto-consommation.
- Compteur double-flux: nouveau compteur faisant la distinction entre le flux entrant (courant tiré du réseau, payant) et le flux sortant (énergie injectée). Ce compteur est requis si l'on souhaite injecter sur le réseau sans tarification forfaitaire ("prosumer"), ce qui est plus intéressant dès que l'auto-consommation dépasse 37%.
Ordre des étapes
Afin d'éviter un mauvais investissement, il est hautement recommandé de respecter l'ordre "sensé", trop souvent négligé:
- Chasse au gaspillage : C'est le point de départ, le gain est immédiat et l'investissement nul. Cette étape est indispensable pour dimensionner correctement la future installation photovoltaïque.
Différentes astuces permettent de fortement réduire le besoin de puissance, donc la taille de l'installation solaire, son coût et le gaspillage global. Quelques conseils sont évoqués sur cette page.
Pour exploiter au mieux l'énergie solaire, il est important de déplacer un maximum de consommateurs nocturnes vers les heures ensoleillées. Les plages horaires du tarif bi-horaire étant adaptées à partir de 2025 (Belgique), ce changement est accessible à tous pour valoriser les énergies renouvelables à la place du gaz et du nucléaire, même sans avoir sa propre installation photovoltaïque. Dans le même ordre d'idée, prendre l'habitude de n'utiliser les appareils énergivores que quand il y a du soleil et/ou du vent nous aide tous sans rien dépenser. Saine habitude qui s'imposera, par bon sens, choix ou par nécessité.
- Evaluation des besoins : Les évaluations simplistes basées sur la consommation annuelle moyenne sont très souvent inappropriées et engendrent des gaspillages importants, payés par le propriétaire et la collectivité.
Une évaluation beaucoup plus juste consiste en l'analyse des différents consommateurs qui peuvent tourner principalement ou exclusivement de jour, sans tenir compte des autres. Et confronter ensuite cette consommation à l'ensoleillement disponible à l'endroit prévu pour la pose des panneaux. Le dimensionnement chute alors de manière considérable, mettant en évidence que le manque d'énergie est lié aux jours de pluie ou au manque d'ensoleillement du lieu, et donc l'ajout de panneaux n'apporterait strictement rien.
Dans l'analyse des consommateurs, il est utile de voir dans quelle mesure ceux-ci peuvent être "étalés" et "ordonnés" de manière à faire fonctionner les plus énergivores en milieu de journée et les autres avant et/ou après. Cette approche ne nécessite qu'une simple prise programmable du commerce (10€), même si on peut pousser le raffinement beaucoup plus loin avec de la domotique, même bon marché.
Enfin, il est très rentable de réduire la puissance instantanée des appareils qui le permettent, comme le boiler et les autres appareils de type résistif. Le gain est conséquent, surtout pour les gros consommateurs tels que le boiler. Ceci est particulièrement judicieux pour "aplatir" la courbe de consommation et donc la faire entièrement passer en-dessous de la courbe de production. (Voir graphiques.)
NOTE: Un "gros consommateur" est celui qui consomme une puissance élevée pendant un certain temps. Un lave-linge n'est pas un gros consommateur, contrairement aux idées reçues, car même si son pic de consommation est élevé, il ne dure pas longtemps. C'est la différence entre les notions "puissance" et "énergie".
- Dimensionnement : Une fois les consommateurs identifiés et leurs plages horaires et temps de fonctionnement estimés, il faut viser une installation de puissance crête aux alentours des puissances maximales consommées en milieu de journée. Aux "alentours" car il n'y a pas de mauvais choix, le choix dépend de la stratégie choisie et des facilités constructives, par exemple pour minimiser le nombre d'accessoires ou choisir un onduleur plus intéressant.
Une autre approche valable, moyennant précautions, est de choisir comme référence la puissance du plus gros consommateur fonctionnant quotidiennement. Il est alors difficile de dépasser une puissance de 2000W, donc bien en-dessous de la plupart des installations photovoltaïques existantes.
Sachant que la tarification forfaitaire va disparaître et que la tendance est d'inciter à l'auto-consommation, il n'est pas judicieux financièrement et stratégiquement de vouloir injecter beaucoup sur le réseau. Il s'agit bien entendu d'une aberration sur le plan énergétique, mais la politique actuelle est toujours très lacunaire même si certains aspects sont justifiés, comme le fait de limiter la surcharge du réseau.
- Stratégie : Partant du principe de l'auto-consommation maximisée, et avec les consommations estimées, il reste encore possible de viser une installation en léger excès de puissance, en léger déficit, ou au plus juste. Il s'agit bien entendu d'une approche statistique, mais adéquate.
Il faut également intégrer les aspects de l'inclinaison et de l'orientation, en tenant compte d'une optimisation pour la période mi-hivernale, où l'énergie générée est la plus utile, typiquement au mois de février en Belgique.
Il est souvent judicieux d'élargir la courbe de production en divisant les panneaux en deux groupes, l'un vers le sud-est, l'autre vers le sud-ouest. L'éventuel surcoût est vite rentabilisé par l'augmentation de l'auto-consommation. Une installation en deux groupes ne nécessite pas forcément de passer à des micro-onduleurs, un certain nombre d'onduleurs "string" sont dotés de deux entrées distinctes. Cela dit, il y a maintenant des micro-onduleurs à 2 ou 4 entrées permettant de fortes puissances à très bon prix.
Enfin, installer deux onduleurs monophasés sur un raccordement triphasé est autorisé en Belgique (jusqu'à une puissance de 5kW) et est souvent plus économique qu'un onduleur triphasé. Ce dernier offre cependant le grand avantage d'exploiter au mieux l'énergie solaire en équilibrant les phases, ce qui aide à stabiliser le réseau et retarde les décrochages, alors que des onduleurs monophasés et les micro-onduleurs classiques travaillent indépendamment, chacun sur sa phase.
Erreurs fréquentes
Les erreurs concernent aussi bien le choix du matériel que le dimensionnement et le placement, mais aussi l'ombrage qui a de bien plus grandes conséquences que pour les panneaux solaires thermiques.
De par la conception des panneaux, faits d'assemblages de cellules en série dans une direction préférentielle, il suffit en effet de très peu d'ombre localisée au mauvais endroit pour neutraliser une très grande partie de l'installation.
Quelques erreurs parmi les plus impactantes:
- Mélange de panneaux horizontaux et verticaux ("paysage" et "portrait") sur une même entrée d'un onduleur "string", résultant en une forte diminution de la production (démarrage retardé, arrêt anticipé). Parfois au point de neutraliser l'installation sur une plage horaire très large, selon l'endroit où les panneaux horizontaux sont placés. Il vaut souvent mieux supprimer les panneaux horizontaux, les autres produisant plus sans eux! A nos latitudes, placer un panneau en position "paysage" est en général une mauvaise idée, c'est pour cela que des modèles spécifiques existent. Mais il reste nécessaire de garder un ensemble de panneaux identiques sur une entrée de l'onduleur.
- Onduleur "string" raccordé à des panneaux présentant une inclinaison et/ou orientation différente, ou encore à des panneaux de puissance/marque/modèle différents. Le plus faible bride toujours le reste de l'installation, d'où la nécessité de s'assurer que tous les panneaux produisent de la même manière au même moment. Ceci impose quasiment toujours un même modèle d'une même marque, les courbes de production étant spécifiques à chaque modèle.
- Onduleur "string" avec panneaux soumis à un ombrage (même petit) mal placé et/ou orienté. Une simple ligne électrique à front de rue ou le poteau qui la soutient peuvent neutraliser une grosse partie de la production. Cette ombre semble souvent insignifiante en surface mais, pour peu qu'elle se projette sur plusieurs rangées de cellules, elle peut neutraliser indirectement le courant qui traverse l'ensemble des panneaux, faisant chuter la production de manière disproportionnée. Selon le parcours de l'ombre, l'impact peut être limité, sinon il faut envisager un autre emplacement ou passer à des micro-onduleurs.
- Panneaux orientés vers le nord. Même si c'est moins problématique que pour des panneaux thermiques, cette configuration constitue un gaspillage important et résulte directement de la mauvaise politique des primes et certificats verts. Installer les panneaux au sol ou en façade pour rattraper le sud est la plupart du temps un bien meilleur choix, même si leur nombre est réduit. Leur meilleure efficacité compense largement la réduction de surface, tout en réduisant le coût.
- Surdimensionnement sur un toit en pente faible. Ce surdimensionnement émane souvent d'une volonté de produire plus en mi-saison. D'une part l'écart de production entre les saisons, et même au long d'une journée, rend l'automatisation et l'auto-consommation complexes ou inintéressantes. D'autre part, le pic de production intervient typiquement au moment où toutes les installations voisines produisent beaucoup également, limitant très fortement les possibilités d'injection sur le réseau. Cette approche est plus un gaspillage qu'un investissement.
- Dimensionnement sur base des chiffres moyens annuels. Cette approche est erronée mais toujours la référence pour beaucoup. Cette moyenne ne devrait pourtant être utilisée que pour déceler les gaspillages probables, à titre purement indicatif.
Pour dimensionner correctement, il faut nécessairement évaluer les consommations, spécifiquement celles des consommateurs diurnes qui fonctionnent au quotidien ou au moins fréquemment. Même une analyse minimaliste est plus fiable qu'une proportionnalité basée sur la consommation annuelle moyenne.
- Puissance de l'onduleur bien inférieure à la puissance des panneaux. Ceci vient directement du "mode forfaitaire", où la puissance de référence pour le calcul tarifaire est la puissance maximale de l'onduleur. Ceci ne pouvait se justifier que pour l'aspect financier dans le cadre de cette tarification forfaitaire, mais n'a plus de sens aujourd'hui. En tout cas avec les règles actuelles, qui sont encore appelées à changer pour inciter encore plus à l'auto-consommation. C'est donc un gaspillage à éviter, il est souhaitable d'avoir un ensemble relativement cohérent. Il faut cependant remarquer que le coût actuel des panneaux incite maintenant à les surdimensionner légèrement pour compenser les journées grises hivernales à prix réduit.
- Combinaison de panneaux surdimensionnés sur micro-onduleurs de puissance trop faible. Résultat typique de la volonté de travailler avec des micro-onduleurs et des panneaux modernes, de puissance supérieure. Si les micro-onduleurs sont justifiés par l'ombrage ou des orientations/inclinaisons différentes, alors il vaut mieux se limiter à des panneaux de puissance adaptée.
- Installation de forte ou moyenne puissance avec micro-onduleurs, alors que l'usage de micro-onduleurs n'est pas requis. Erreur très fréquemment liée au fait que l'installateur souhaite ne travailler qu'avec une marque d'onduleur pour toutes les installations, sans analyser la situation. Pire encore si l'installation est raccordée en triphasé, car il n'y a pas d'équilibrage entre les phases comme avec un onduleur triphasé. Ceci engendre des pertes d'auto-consommation supérieures au gain qu'offrent les micro-onduleurs. Coût élevé et gaspillage conséquent, donc à éviter.
- Combinaison de panneaux et d'onduleurs aboutissant à l'utilisation des panneaux en dehors des plages de bon rendement. Ceci découle directement d'un manque d'analyse ou de compréhension des caractéristiques du matériel, et en particulier des courbes de production des panneaux vis-à-vis des possibilités de l'onduleur. (cf. tension et courant maximums)
Astuces anti-gaspillage
Des mesures simples avec un impact notable sur la consommation annuelle peuvent être mises en place facilement:
- Ne pas se laisser piéger par le message marketing "plus puissant, c'est mieux" lors de l'achat d'un appareil. Au contraire, acheter moins puissant c'est souvent moins cher et plus robuste, les composants n'étant pas poussés aux limites. D'autre part cela permet de réduire le coût de l'installation photovoltaïque éventuelle.
Ce marketing rétrograde est toujours très actif, parce qu'il fonctionne. Le citoyen a pourtant le pouvoir de l'enrayer très facilement, tout en faisant des économies!
- En cas d'usage d'un boiler électrique, c'est le tout premier point à traiter car le plus gros consommateur quotidien et le plus simple à optimiser. Il faut diminuer sa puissance (pas sa consigne de température!) et, si possible, le démarrer de manière automatique ou semi-automatique au moment où les énergies renouvelables sont disponibles. Par domotique, simple prise programmable ou encore détecteur de luminosité pour valoriser la production solaire.
Pour réduire la puissance, l'idéal est de disposer d'un boiler triphasé dont on branche les résistances en série ou en "Y" pour diviser la puissance totale par 2 à 3.
Si la solution d'un boiler triphasé n'est pas possible (bien réfléchir!), on peut se rabattre sur un hacheur ou une diode, mais ceci requiert un peu de bricolage et, surtout, cette pratique à grande échelle deviendra vite un problème pour le réseau (cf. harmoniques). Un transformateur est une solution plus simple, mais l'efficacité est moindre.
Cette baisse de puissance est également bénéfique pour ralentir l'entartrage.
NOTE: Attention au risque sanitaire (développement bactérien, légionelle), qu'il ne faut en aucun négliger! Réduire la puissance est une chose, mais le boiler doit toujours atteindre sa température de consigne, sans quoi il risque de progressivement se refroidir, permettant une pullulation microbienne. Si la puissance est divisée par 2, le temps de chauffe est multiplié par 2.
- Toujours pour le boiler électrique, il est très utile de faire son entretien régulièrement (tous les ans ou, maximum, tous les deux ans) afin de retirer le calcaire de la résistance. A titre d'exemple, le gain en énergie mesuré sur un boiler de 200 litres, utilisé par une personne seule avec un usage économique, était de l'ordre de 600kWh par an.
NOTE: Cet entretien est aussi valable pour les boilers à stéatite, mais le rythme peut être légèrement réduit.
- Les réfrigérateurs et congélateurs sont prévus pour tenir plusieurs heures en cas de panne de courant, grâce à l'isolation et l'inertie. Ces dernières années, la tendance est de réduire la puissance du compresseur mais le démarrer plus souvent.
Une simple prise programmable permet de limiter ce nombre de démarrages, et de les concentrer en journée, notamment après les repas (ouvertures du frigo).
La nuit ces appareils ne sont que peu ouverts, les démarrer 2 à 3 fois suffit largement. Cet usage permet de transférer la consommation nocturne en consommation de jour, qui est alors aisément couverte par la production solaire.
A titre d'exemple, un combiné frigo+congélateur annoncé pour 310kWh par an (selon le constructeur, donc typiquement sous-estimé), est descendu à 135kWh par an (réellement mesuré), soit moins de la moitié.
NOTE: Attention au risque sanitaire! Il faut à tout moment respecter la chaîne du froid pour empêcher tout développement bactérien. Attention également de ne pas redémarrer un réfrigérateur ou congélateur moins de 15 minutes après l'avoir éteint, cela peut endommager le compresseur.
- On ne le dira visiblement jamais assez, les appareils en veille (hifi, tv), ou branchés en permanence (modem, wifi), même faiblement consommateurs (10W pour un modem) représentent une consommation très perceptible au total annuel. Les éteindre quand ils ne sont pas utilisés vaut la peine, manuellement ou automatiquement, avec une multiprise, une prise programmable ou par domotique. Par ailleurs, les éteindre la nuit permet de déplacer leur consommation principalement le jour, lorsque l'énergie solaire peut les alimenter.
- Une excellente manière d'augmenter l'auto-consommation à faible coût est de séquentialiser les consommateurs, en concentrant les plus énergivores en milieu de journée. Cela peut se faire par domotique ou simplement avec des prises programmables. L'idée est de réserver des plages horaires pour certains appareils, en tenant compte de la puissance solaire disponible. Ainsi, un frigo peut avoir "droit" à 45 minutes toutes les 2 heures en journée, de préférence après avoir cuisiné (ouvertures du frigo). Le boiler étant un gros consommateur, on lui réserve la plage 11h-15h, en entrecoupant éventuellement son fonctionnement sur le temps de préparation du repas, si des électro-ménagers ou une cuisinière électrique sont utilisés. Même principe pour les autres consommateurs, jusqu'à exploiter au mieux la courbe de production solaire.
- L'inclinaison des panneaux devrait être choisie afin d'optimiser la production en période mi-hivernale, lorsque les besoins sont supérieurs. Ceci réduit également la surproduction en été et limite donc le problème de surcharge du réseau.
C'est plus exactement le soleil de début à mi-février qu'il est souhaitable de favoriser, soit une inclinaison de 45 à 50° en Belgique, pour une orientation plein sud. Il n'est pas utile de redresser plus, les progrès au niveau du verre limitent la réflexion suffisamment. Par ailleurs, redresser plus commencerait à impacter négativement la production d'été.
NOTE: Cette inclinaison est évidemment supérieure à la pente de beaucoup de toits. Placer les panneaux au sol ou sur façade présente de nombreux avantages, dont un nettoyage fréquent facilité, une orientation optimale, et donc une puissance installée qui peut être revue à la baisse.
- Séparer les panneaux en deux groupes, l'un orienté sud-est l'autre sud-ouest, permet d'élargir et aplatir la courbe de production. Ceci permet d'augmenter l'auto-consommation de manière conséquente. L'intérêt de cette approche est bien compris en Allemagne, où elle est devenue habituelle.
- En cas de distance importante entre l'onduleur et les panneaux, il faut envisager de câbler avec une section plus importante pour limiter les pertes dans le câblage. Le surcoût est insignifiant face au gain sur la durée de vie de l'installation. Tout dépend de la tension et du courant atteints, donc du nombre de panneaux connectés en série et de leurs caractéristique, et de la distance à parcourir. Cela perd rapidement son sens au-dessus de 400V, soit 10 panneaux, donc grosse installation (>2000Wc). Calcul: P=RI², R selon longueur et résistivité.
Quelques chiffres
Ci-après, quelques données indicatives mesurées ou évaluées en conditions réelles optimisées. Ces valeurs peuvent bien entendu varier d'un modèle d'appareil à un autre:
- Modem, box, téléphone DECT : 8 à 13W, soit 90kWh par an et par appareil si laissés allumés 24h/24. En les éteignant lorsqu'ils ne sont pas utilisés, cette consommation descend jusqu'à 20kWh (si 6h/24) ou 45kWh (si 12h/24). Plusieurs appareils gagnent à être remplacés par un seul.
- Combiné réfrigérateur+congélateur: 800W au démarrage du compresseur, ensuite 80W en régime. Consommation annuelle de 310kWh par an annoncée par le constructeur, mais seulement 135kWh par an en limitant à 3 démarrages la nuit et 1 démarrage sur 2 en journée, par simple prise programmable. Ces valeurs sont issues d'un modèle "classique" d'une hauteur de 175cm.
- Boiler de 100 litres avec utilisation d'eau chaude économique: 1300W d'origine mais modifié pour ne consommer que 680W, de 2.7 à 3kWh par jour en moyenne, soit 1100kWh par an, pour autant que l'entretien soit fait régulièrement (annuel ou tous les deux ans). Avant nettoyage, la consommation était supérieure de 600kWh, soit un total de 1700kWh par an. (Chiffres correspondant à la consommation d'une personne économe.)
- Un lave-linge présente deux composantes: Le pic de consommation au début du lavage correspond à l'activation de la résistance de chauffe et peut monter à 3000 ou 3500W. La deuxième composante est le fonctionnement du moteur d'entraînement, qui varie entre 300 et 500W en fonction du cycle de lavage. La température de lavage n'influence pas la puissance instantanée, mais bien la durée du pic de chauffe.
Comme illustré sur les graphiques de cette page, la consommation totale n'est pas aussi grande que l'on pourrait penser, et peut être estimée à 40kWh par an pour un usage économique à raison d'une lessive par semaine. Contrairement aux séchoirs qui, eux, sont très énergivores.
Baisser la puissance de la résistance est donc très intéressant, mais requiert un bricolage spécifique à chaque modèle, tant que les constructeurs refusent de faire des modèles moins puissants.
- Un ordinateur portable consomme quant à lui environ 15W si la batterie est chargée, pour un usage bureautique avec une luminosité d'écran réduite, ce qui économise aussi les yeux. Si la batterie doit charger, la consommation monte à environ 45W. La consommation annuelle est extrêmement variable selon l'usage, mais reste globalement inférieure à une télévision.
- Une télévision consomme de 80 à 200W, selon la taille et la luminosité de la dalle. Un modèle classique, aux environs de 130W, allumé tous les jours pendant 3h représente une consommation annuelle de 140kWh. (90kWh pour un modèle à 80W, 220kWh pour un modèle à 200W)
- Un ventilateur de salon de 40cm de diamètre consomme de 30 à 50W, soit 6kWh pour un fonctionnement pendant 20 jours par an, à raison de 6h par jour.
- Une cafetière est un gros consommateur de type résistif, sa puissance pourrait aussi être divisée. Le pic de consommation est relativement court mais typiquement au plus mauvais moment de la journée pour beaucoup d'utilisateurs: le café du matin, avant la production solaire. La puissance est souvent entre 2000 et 3500W, soit 55kWh par an à raison d'une seule chauffe (3 minutes) pour un café quotidien. Plus qu'un lave-linge.
Visualiser pour comprendre
Les notions de puissance, d'énergie et de consommation sont difficiles à appréhender et matérialiser pour un certain nombre de personnes. Les graphiques ci-dessous permettent de visualiser et comprendre beaucoup plus facilement.
Ils sont ordonnés du plus simple au plus subtile, chacun amenant des éléments d'information additionnels. La courbe bleue/continue représente la production solaire, tandis que la courbe rouge/interrompue représente la consommation.
NOTE: Ces graphiques montrent également que, même avec une petite installation, une part importante de l'énergie produite n'est pas utilisée. Ceci démontre l'absurdité du gaspillage colossal des installations habituelles, et donc les gains importants qu'il est possible de faire, sans effort et en payant moins.
Pour commencer par un cas simple et idéal, considérons des panneaux solaires exposés plein sud, une journée sans nuage et un boiler modifié pour diviser sa puissance par deux. Le démarrage du boiler est assuré par automatisation ou simple prise programmable aux heures statistiquement les plus productives de la journée solaire, son arrêt est déclenché soit par son thermostat, soit forcé par la prise programmable au-delà de la plage horaire rentable.
La courbe de production a une forme très caractéristique, avec le maximum de puissance en milieu de journée. Le boiler ne consomme que 680W pendant 3 heures (12h-15h), soit 2kWh, grâce à la modification pour abaisser la puissance requise.
Si le boiler n'avait pas été modifié, il aurait consommé la même énergie (2kWh), mais à une puissance double pendant seulement 1 heure et demi. Visuellement, ceci résulterait en un rectangle rouge deux fois plus haut (double de puissance) mais de largeur (temps de fonctionnement) divisée par deux. La surface de ce rectangle, équivalente dans un cas et dans l'autre, représente bien l'énergie consommée.
Il est bon de remarquer aussi que la consommation du boiler est entièrement couverte par la production solaire. S'il n'avait pas été modifié, la puissance consommée aurait été supérieure à la production solaire, et aurait donc entraîné un prélèvement du réseau!
Enfin, toute la surface piégée entre les deux courbes représente l'énergie produite mais non-consommée... Energie qui est soit injectée sur le réseau, soit perdue.
Conclusion: La modification du boiler pour réduire sa puissance consommée permet 1) d'éviter de prélever du réseau et 2) de limiter le gaspillage de l'énergie produite localement en élargissant la consommation sous la courbe de production.
Tant qu'à avoir une installation solaire pour couvrir les besoins des plus gros consommateurs, autant exploiter le surplus d'énergie (surface piégée entre les deux courbes) pour d'autres usages.
Sur ce graphique, un appareil est démarré le matin, avant le boiler, afin de valoriser cette partie de la production qui, autrement, serait gaspillée. On peut deviner que l'appareil est doté d'un moteur, en raison du pic de démarrage légèrement plus haut que la consommation en régime de croisière. La consommation additionnelle de cet appareil est également entièrement couverte pour la production solaire, qui reste d'ailleurs en excès, aucun prélèvement du réseau n'est nécessaire.
Cette installation est dotée d'une électronique qui démarre automatiquement le boiler lorsque la puissance solaire produite est suffisante, ici vers 11h. Cette électronique tient compte également de l'appareil déjà branché, qui ne s'éteint que vers 14h30 (marche descendante), ne laissant que le boiler continuer à fonctionner jusqu'à sa consigne de température.
L'électronique automatise donc le démarrage et l'arrêt dans le but de prélever le moins possible du réseau, et de valoriser le plus possible la production locale. Le gain est considérable et permet une auto-consommation très largement supérieure aux 37% "officiels" de la tarification forfaitaire, justifiant ainsi le passage à un compteur double-flux.
En fin de journée, le pic correspond à la consommation de chauffe d'un lave-linge. Ce pic démontre que dimensionner une installation sur base du consommateur le plus puissant sans tenir compte du temps de fonctionnement est une aberration. En effet, le pic est haut mais très étroit... Donc si l'installation est dimensionnée pour couvrir ce pic, le gaspillage est nécessairement énorme de chaque côté du pic.
(Les petites consommations en fin de graphique correspondent aux actions du moteur du lave-linge, lors du lavage puis de l'essorage.)
Quand les nuages arrivent, souvent l'après-midi en raison de l'activité thermique (cf. aérologie), les principes restent les mêmes mais la courbe de production est inévitablement impactée. Si des appareils sont activés/désactivés automatiquement sur base de la production solaire, la courbe de consommation suit également les interruptions de la production.
L'empreinte laissée par le passage des nuages est très caractéristique également, ici typiquement des cumulus ("nuages de beau temps"). Cette installation est dotée d'une électronique pour éteindre le boiler pendant les passages nuageux. A 14h, le boiler continue cependant de fonctionner malgré un nuage, car l'électronique a été configurée pour garder le boiler actif entre 13h et 14h, afin d'assurer un minimum de chauffe en cas de jour "gris".
Lorsque le ciel se couvre plus, la production s'effondre. Si l'installation est équipée d'une électronique de pilotage, celle-ci devrait permettre de réduire fortement la consommation en attendant le jour suivant, peut-être plus productif. Et si l'électronique est assez évoluée, elle peut également tenir compte des prévisions météorologiques.
Pour un boiler, le risque sanitaire ne doit en aucun cas être négligé, cela peut être mortel (cf. légionelle). Il reste cependant possible d'optimiser en ne prélevant du réseau que le minimum d'énergie requis pour satisfaire la température minimale. Par exemple en forçant le fonctionnement du boiler, ici entre 13h et 14h, où un apport solaire partiel est quand même exploité. Statistiquement, il est souhaitable de forcer le fonctionnement en fin de plage horaire de forte production, de manière à avoir laissé la chance à l'électronique de couvrir un maximum du besoin sans prélever d'énergie sur le réseau.
Toute la surface entre la courbe rouge (consommation) et la courbe bleue (production) est soit injectée sur le réseau (pour l'intérêt collectif), soit gaspillée si on choisit de ne pas injecter. Ce dernier cas correspond à ce que l'on appelle le "zéro injection" ("zero export" en anglais).
Le zéro injection rend la courbe de production méconnaissable, puisqu'elle est tronquée à hauteur de la consommation. L'onduleur ne produit que ce que l'on consomme. Et si l'on ne consomme pas, rien n'est produit, même s'il y a un soleil radieux! L'investissement a pourtant été fait... Ceci démontre qu'il n'est pas du tout judicieux de surdimensionner une installation, car soit le surplus est gaspillé, soit il contribue à déstabiliser le réseau public en injectant trop. Déstabilisation du réseau qui engendre de plus en plus souvent le "décrochage" des onduleurs, les empêchant ainsi d'injecter mais aussi de produire en auto-consommation.
Bien entendu, si la production est bridée, il n'y a pas pour autant de compensation lorsque la production solaire est trop faible et passe en-dessous de la consommation, il y a donc prélèvement du réseau. Pour éviter cela, il faudrait un onduleur "hybride" et une batterie. Mais on voit ici que le surcoût important de ce type de matériel n'apporterait pas grand chose, et serait très critiquable en raison du lithium et du prix, comparativement au faible gain sur les consommations de jour.
Une électronique de pilotage performante permet de pousser très loin la valorisation de l'énergie solaire (auto-consommation), simplement en automatisant l'allumage d'appareils de puissances différentes. En associant des priorités selon les appareils, des plages horaires forcées et d'autres astuces simples, la valorisation de l'énergie solaire peut aller bien plus loin que les 37% d'auto-consommation du mode forfaitaire, ce qui incite à passer à la tarification équitable (compteur double-flux).
Si la courbe est toujours méconnaissable en raison du zéro injection, on reconnaît par contre aisément les démarrages et arrêts de différents appareils au cours de la journée, notamment pour valoriser les pics de soleil entre les nuages. La notion d'auto-consommation prend tout son sens, pour l'intérêt individuel et collectif simultanément. L'intérêt collectif réside, entre autres, dans l'absence de surcharge du réseau de distribution mais aussi dans la réduction de la consommation, laissant l'énergie des centrales disponible pour les entreprises et utilisateurs aux besoins prioritaires. L'impact positif sur notre économie pourrait être très important.
Revenons un instant au lave-linge, cette fois dans le contexte d'une installation "zéro injection".
Le pic de consommation, très reconnaissable également, ne représente finalement qu'une faible surface, donc peu d'énergie, comparativement au reste de la consommation quotidienne (boiler et autres).
Ici aussi l'intérêt individuel et collectif vont dans le même sens: Le pic de consommation peut très bien être alimenté par les installations solaires des voisins, car il est peu probable que ces voisins démarrent tous leur lave-linge exactement au même moment! Et ce risque diminue encore si le nombre de voisins augmente. Il y a donc un intérêt évident à regrouper plusieurs voisins pour que chacun puisse compter sur les installations des autres lors des pics de consommation, réduisant ainsi la puissance nécessaire et le coût de chacune des installations. Il y a moins de gaspillage et tout le monde y gagne.
C'est la notion de "communauté d'énergie", qui est maintenant légalement possible mais malheureusement rendu extrêmement compliqué, au point d'être inutilisable. Il faudrait que les GRD mettent rapidement en place un équivalent à leur niveau, ceci dans l'intérêt général, eux compris, afin de gagner du temps face au renforcement du réseau nécessaire pour faire face au "tout à l'électrique", mais aussi pour réduire drastiquement ce besoin de renforcement à grande échelle.
Automatisation
De très belles économies sont déjà réalisables avec les astuces mentionnées sur cette page. Il est néanmoins possible de pousser les optimisations et gains bien plus loin en automatisant l'allumage et l'extinction des appareils selon l'heure de la journée, la puissance solaire disponible ou encore l'extinction ou l'allumage d'autres appareils, manuels ou automatisés.
Cette automatisation peut se faire de différentes manières et à des degrés divers, selon le prix et les compétences techniques requises:
- De simples prises programmables du commerce permettent d'agencer les consommateurs au long de la journée, comme déjà évoqué. C'est la méthode facile et pas chère.
- L'étape suivante est l'utilisation de prises télécommandées, voire des prises dites "intelligentes". En choisissant bien la marque et le modèle, ce n'est pas beaucoup plus cher que des prises programmables. La marque européenne Shelly est particulièrement intéressante (prix, possibilités, compatibilité avec les systèmes "ouverts" et la domotique) tout en restant simple et pratique d'utilisation, avec également un pilotage directement depuis smartphone, tablette ou ordinateur.
- Pour les amateurs de domotique il y a de nombreuses solutions (Domotics, Home Assistant, openHAB...) qui permettent des interactions automatiques entre les appareils et en fonction de la puissance disponible, typiquement mesurée au niveau du compteur de l'habitation. Il est à noter que le matériel Shelly permet également un peu de programmation de ce type, sans pour autant aller jusqu'à nécessiter une centrale domotique complexe et/ou coûteuse.
- Pour les "bricoleurs" qui sont à l'aise avec l'informatique, ou au moins l'installation de logiciels sur cartes SBC (Raspberry et autres), un certain nombre de logiciels sont disponibles sur les plateformes habituelles (gitlab, github...) souvent dédiés à une approche spécifique. Mon logiciel optip est à classer dans cette catégorie, à la nuance près qu'il est spécifiquement conçu et dédié à cette automatisation de manière à la fois flexible, facile et optimisée.
- Enfin, la liste ne serait pas exhaustive si une dernière possibilité n'était pas mentionnée: les "routeurs" ("power router" en anglais) qui permettent de dévier ou, mieux encore, de hacher la production solaire vers un appareil spécifique (typiquement un boiler) lorsque la puissance produite atteint un certain seuil. Cette fonctionnalité est parfois intégrée à l'onduleur, mais souvent à prix d'or et peu flexible. Et quand il s'agit d'un appareil dédié, le prix est souvent dissuasif...
Décrochages
Comme attendu, les problèmes de décrochages des onduleurs se généralisent rapidement. En Wallonie, ceci est particulièrement visible depuis le printemps 2025.
Ces problèmes surviennent pour plusieurs raisons, mais les causes majeures sont la surproduction photovoltaïque et le manque d'autoconsommation, ou inadéquation entre production et consommation.
Plusieurs actions sont essentielles pour en venir à bout:
- Pour les nouvelles installations, ne surtout pas les surdimensionner, comme justifié sur cette page. Les gains espérés en surdimensionnant sont rapidement anéantis par les pertes dues aux décrochages.
- Pour les nouvelles installations, éviter autant que possible l'orientation sud. Mieux vaut choisir sud-ouest et sud-est afin de diminuer le pic du milieu de journée tout en élargissant la plage de production aux matins et soirs, plus rentables. Ceci est connu depuis un bon moment et donne de très bons résultats en Allemagne, mais les convictions sont tenaces en Belgique, surtout en Wallonie. Le surdimensionnement éventuel est encore plus impactant pour une installation plein sud, à la fois en terme de surcharge et de plage de production.
- Pour les installations avec onduleur(s) monophasé(s), vérifier l'équilibrage des phases de l'habitation. Même si la législation et la comptabilisation permettent d'injecter sur une phase tout en consommant sur une autre, cela accentue considérablement le risque de décrochage. Il faut donc veiller à autoconsommer autant que possible sur la même phase que la production.
- Pour les installations avec onduleur monophasé, le choix de la phase doit tenir compte des appareils consommateurs d'une part, comme expliqué ci-avant, mais également de l'état de surcharge de production sur la ligne. Il peut être judicieux également de déplacer certains consommateurs sur une autre phase.
Pour choisir la phase la moins sujette à décrochage, il est utile de mesurer la tension présente sur chaque phase à 11h et 14h un jour ensoleillé, et choisir la phase avec la plus faible tension à ces heures-là. (En éteignant onduleurs et gros consommateurs, pour ne pas fausser la mesure!)
Idéalement, il faut vérifier également que cette même phase ne voit pas sa tension chuter le soir, car trop sollicitée en consommation cette fois. Si tel est le cas, il faut éliminer les gros consommateurs de cette phase s'ils risquent de fonctionner entre le soir et le matin.
- Pour les installations avec un ou plusieurs onduleurs monophasés, il est probablement judicieux de passer à un onduleur triphasé, qui répartit mieux l'injection en la dirigeant sur les phases qui le permettent. Il est maintenant possible de trouver des onduleurs triphasés à prix très correct, rapidement rentabilisé par la diminution ou suppression des décrochages.
- Pour les installations qui bénéficient du tarif "forfaitaire" (alias "compteur qui tourne à l'envers"), il est tout aussi important de réellement pratiquer l'autoconsommation. En effet, bien que ce mode de tarification soit particulièrement généreux, les pertes engendrées par les décrochages sont conséquentes. Il est donc très intéressant d'éviter les décrochages en valorisant la production localement. Cela est d'autant plus vrai que ce mode forfaitaire est souvent associé à des installations surdimensionnées, en raison des mauvaises politiques d'incitation. Cette approche ne fait que prendre de l'avance sur la fin annoncée du mode forfaitaire, et s'avère déjà plus rentable dès qu'on dépasse 37% d'autoconsommation, objectif facile à atteindre.
- Il est fortement déconseillé de tricher au niveau de la configuration des onduleurs, comme cela est parfois suggéré sur Internet. En effet, des gains espérés il faut déduire les frais de remplacement des appareils électriques dont la fin de vie est alors (très) prématurée. Il est bon de se rappeler que les normes ont régulièrement remonté la tension maximale pour, aujourd'hui (cf. EN50549), atteindre 253V pendant 10 secondes ou 264V "instantanément" (200 millisecondes). Parallèlement, les appareils électriques sont toujours majoritairement équipés de composants électriques prévus pour tenir jusqu'à 250V seulement. Les marges de sécurité ont déjà été entièrement consommées, alors que les périodes où la tension est proche de 253V sont de plus en plus nombreuses.
Ce problème sournois est peu perceptible car, la plupart du temps, l'appareil électrique n'est pas détruit directement lors du premier branchement, il s'agit bien d'une durée de vie réduite. Le lien de cause à effet ne paraît donc pas évident au propriétaire, qui remplace simplement l'appareil sans se poser de question ni mettre en cause la configuration de l'onduleur.
- A partir de janvier 2026, en Belgique les heures creuses seront étendues à la plage 11h-17h. Ceci implique que la revente d'électricité se fera à moindre tarif au pic de la journée, et encourage d'autant plus à orienter les panneaux photovoltaïques au sud-ouest et sud-est. D'une part pour consommer moins au tarif plein (pics du matin et du soir), d'autre part éventuellement pour revendre à meilleur prix.
- Les boilers, véhicules électriques, pompes et pompes à chaleur de piscine sont les gros consommateurs les plus faciles à déplacer vers la plage 11h-14h ou 10h-15h (heure d'été). Par ailleurs, il est triplement intéressant de charger les véhicules électriques en charge lente: pour la durée de vie des batteries, pour recharger presque exclusivement avec le soleil et pour se passer de l'installation d'une borne de recharge coûteuse. Il est en effet parfaitement possible de recharger sur une prise standard, ou renforcée, avec un simple chargeur mobile économique (200-250€). Certains permettent même de charger à 14-16 ampères pendant 2 heures avant de basculer automatiquement à 8 ampères. (Il suffit de rebrancher sur une autre prise pour relancer un cycle de 2 heures, si nécessaire ou souhaité.) Et si une charge rapide est occasionnellement requise, les bornes publiques restent moins chères qu'installer une borne chez soi, pour autant que cela reste occasionnel. Tout dépend de l'usage fait du véhicule.
Pour les véhicules comme pour les piscines, mieux vaut limiter la durée de fonctionnement juste à la plage solaire, afin de profiter de ces avantages sur plusieurs jours au lieu d'un.
- Même sans installation photovoltaïque, il y a intérêt à consommer en journée pour valoriser les énergies renouvelables et diminuer les importations de pétrole. Ne fût-ce que par les coûts indirects reportés sur la collectivité, comme le renforcement du réseau électrique. Il en va de même pour les nuits venteuses, grâce à notre parc éolien.
Ce sera d'autant plus intéressant à partir de janvier 2026, avec les nouvelles plages horaires, mais l'est déjà aujourd'hui en choisissant un fournisseur d'électricité offrant des tarifs proches pour les heures pleines et creuses.
Un autre avantage de consommer à ces heures est que cela fait baisser un peu la tension de l'habitation, ce qui protège et prolonge la durée de vie des appareils électriques.
- Sans parler des cas où l'onduleur n'a tout simplement pas été configuré correctement, les anciens onduleurs (<2019) sont souvent configurés par défaut pour l'ancienne norme VDE0126, qui imposait de décrocher plus vite que la norme actuelle EN50549. Avant de jeter un ancien onduleur, le mieux est de vérifier sa configuration: sur certains modèles il est possible de choisir une norme plutôt qu'un pays. (Eventuellement après mise à jour du logiciel.)
Cependant, l'ancienne norme a l'avantage de mieux protéger les appareils domestiques, et la différence ne fait que retarder les problèmes pendant un temps très limité. Mieux vaut donc s'en tenir à un dimensionnement correct et jouer le jeu de l'auto-consommation!
Chauffe-eau thermodynamique
Une nouvelle mode, encore une fois poussée par des primes et du marketing scandaleux, est d'inciter à passer à un boiler thermodynamique, qui n'est autre qu'une petite pompe-à-chaleur (PAC) associée à un réservoir. Le prix est conséquent et l'intérêt souvent nettement inférieur aux prétentions, tout comme la longévité réelle.
Avant de succomber au discours enchanteur, il est essentiel de considérer l'élément clé: D'où est prélevée la chaleur?
Si cette chaleur est prélevée à l'intérieur de l'habitation, comme c'est le cas de la plupart des modèles "abordables", cela implique bien entendu une hausse du chauffage, soit directement, soit indirectement par déperdition du local voisin. Cet usage peut donc s'avérer potentiellement contraire aux économies... Le gain éventuel peut facilement se transformer en perte réelle!
Par ailleurs, un des arguments avancés est de valoriser la production de panneaux photovoltaïques. Oui mais... beaucoup de ces boilers thermodynamiques doivent fonctionner pendant de nombreuses heures, dépassant largement la durée d'ensoleillement quotidien. Ceci impose donc de prélever une partie de l'électricité du réseau et contrevient à la bonne valorisation de l'énergie solaire en journée.
Bref, seuls les systèmes avec récupération de chaleur à l'extérieur ou en sortie de ventilation mécanique et pour une consommation importante d'eau chaude (ménage >5 personnes) ont une chance d'être rentabilisés, pour autant que leur longévité réelle soit suffisante...
Il semble donc beaucoup plus rentable de modifier un boiler classique comme décrit sur cette page, voire ajouter l'un ou l'autre panneau photovoltaïque s'il n'est pas possible d'abaisser la puissance de chauffe du boiler, pour un investissement de départ bien plus abordable.
Et vu le prix de cette technologie, il est souhaitable d'envisager cet investissement pour autre chose que simplement chauffer de l'eau!
Politique et stratégie
La législation est toujours en retard sur la réalité, et les leçons des erreurs magistrales (primes, certificats verts, tarif prosumer) ne sont toujours pas tirées. Mieux vaut ne pas attendre pour agir.
Les informations sur cette page montrent qu'il n'est pas nécessaire de payer cher une installation surpuissante et qu'il est parfaitement possible de réduire sa consommation sans grand effort. Pour une fois, l'intérêt collectif et l'intérêt individuel se rejoignent.
Après plusieurs années d'attente, la législation belge autorise enfin les kits solaires Plug&Play depuis le 17 avril 2025. C'est une opportunité à saisir, car de nombreux ménages pourraient en profiter pour s'équiper à faible coût et rentabilité maximale, sans devoir recourir ni à un installateur professionnel, ni à un contrôle RGIE.
Pour le reste, quelques points de réflexion:
- Le compteur double-flux sera bientôt généralisé (max 2029), le mode forfaitaire va disparaître. Avec le compteur double-flux vient aussi l'incitation à auto-consommer autant que possible, seule approche judicieuse et viable. L'auto-consommation généralisée peut réduire les problèmes de surcharge et de stabilité du réseau, et même offrir le sursis nécessaire pour le renforcement du réseau dans un délais et budget réalistes.
- Le "tout à l'électrique" semble un rêve proche de se réaliser selon quelques décideurs. Il faudrait jeter un oeil du côté de nos capacités à affronter les problèmes techniques sur le réseau pour remettre les pieds sur terre. Rêver n'est pas gérer. Cependant, il faut avancer. Alors priorisons, et commençons par les éléments simples les plus rentables. L'autorisation des kits Plug&Play est une première étape dans cette bonne direction.
- Les black-outs seront probablement inévitables. La vraie question est de savoir si nous échapperons à un black-out destructif, dont les réparations pourraient nécessiter des mois. Le 08/01/2021 nous avons frôlé de très près un black-out européen particulier, qui aurait pu être très destructeur, et a très certainement été riche d'enseignements pour Poutine. Il est essentiel que la rénovation du réseau intègre des possibilités d’îlotage. Notre économie dépend totalement du réseau, qui est donc stratégique. Permettre de faire fonctionner de manière autonome certaines parties du réseau est essentiel, et profiterait de l'architecture distribuée vers laquelle il faut nécessairement tendre. L'auto-consommation et la stabilisation du réseau sont des facteurs déterminants pour y parvenir. En ce sens, les installations photovoltaïques distribuées sur le territoire sont une aide précieuse, tout particulièrement avec de nombreuses installations de petite puissance et l'auto-consommation volontaire liée, plutôt que quelques grosses installations faisant décrocher celles des voisins.
- La chasse au gaspillage ne fait toujours pas partie des objectifs. Ni la formation correcte des professionnels, ni les pénalités pour les professionnels qui surdimensionnent volontairement dans un but lucratif. Il n'est pas besoin d'abuser des clients, les clients ne manquent pas. A charge du citoyen de faire également attention à ne pas se laisser abuser, même si l'on ne peut pas lui demander d'acquérir les connaissances techniques nécessaires.
- Les incitants au télétravail, aux appareils de moindre puissance (boiler en tout premier) et autres actions simples et rapides à mettre en oeuvre sont inexistants et absolument pas à l'ordre du jour, ni maintenant ni dans un futur perceptible. C'est une erreur capitale. Une simple diminution de la puissance des appareils, imposée par le législateur, résoudrait une très grande partie des problèmes immédiats, et agirait dans la même direction et de manière cohérente avec l'auto-consommation. Une grande majorité des appareils de type résistif pourraient facilement voir leur puissance réduite de 30 à 60%, par exemple.
- Les règles actuelles prennent en compte la puissance de sortie de l'onduleur [VA] et la puissance crête des panneaux [Wc] comme référence pour les frais/taxes/déclarations, sans tenir compte de l'ombrage, de l'orientation ou de l'inclinaison. Ce n'est ni équitable, ni judicieux. Il faudrait à l'avenir ne tenir compte que d'un seul paramètre: la puissance maximale réellement injectée, qui est par ailleurs très facile à surveiller et contrôler grâce aux nouveaux compteurs.
Afin de continuer à profiter de l'énergie gratuite collective, il faudrait également permettre à tous les ménages d'injecter sans frais et sans formalité un certain quota annuel, en parallèle avec la limitation de la puissance maximale injectée. La Flandre a une nouvelle fois une longueur d'avance, puisque les petites installations, jusqu'à 800VA, ne nécessitent même pas de déclaration. Et les kits Plug&Play de puissance supérieure peuvent simplement être déclarés via le portail "mijnFluvius".